Installation évolutive avec oiseaux, cages et supports visuels.
Le Temps suspendu est conçu comme une série de parcours : parcours dans le Temps proposant une plongée dans le mouvement de l’Histoire, parcours dans la série des autoportraits de Helene Schjerfbeck initiant un survol de txt_quote_single_openœuvre de l’artiste finlandaise, parcours d’oiseaux donnant corps et voix à certains des protagonistes de The Birds (Les Oiseaux, 1963), parcours dans un spectre de couleurs.
Une vingtaine d’oiseaux, de différentes tailles et espèces, introduisent le visiteur dans l’espace d’exposition. Présentés dans douze cages suspendues au plafond, ils sont enfermés avec des reproductions d’autoportraits de Helene Schjerfbeck avec lesquels ils doivent cohabiter. C’est sur cette rencontre entre le volatile et la peinture que mise l’installation en supposant qu’elle entraînera une confrontation fructueuse entre ses deux intervenants.
Retenir le Temps, chercher à en capter la trace apparaît comme l’une des grandes gageures de l’autoportrait. L’enferment des reproductions dans les cages commente cette tentative par l’artiste de capturer un moment de son histoire, un instant que la présence de l’oiseau associé à chacune des images présente comme non figé grâce à la force d’expression de l’œuvre d’art. De ce moment retenu, l’oiseau restitue en effet les vibrations. Mobile et expressif, il commente cette faculté qu’ont les œuvres d’art à communiquer au-delà de leur époque d’exécution.
A travers le rapport privilégié qu’il est invité à entretenir avec les autoportraits, l’oiseau est en effet incité à en restituer la musique et les mouvements. Artiste et esthète reconnu, il devient interprète de l’œuvre. Un premier mouvement s’amorce déjà dans ce rapport entre la peinture et l’oiseau : celui d’un art qui trouve en l’Autre une forme d’expression pouvant tout aussi bien être émotionnelle que critique ou artistique, celui d’une œuvre qui inspire ou se répercute dans une dynamique induisant l’incapacité du Temps à la retenir. Par sa présence, l’oiseau rend ainsi compte de la pérennité de l’œuvre d’art et de l’incapacité d’enfermement du discours qu’elle suscite. Lui-même créateur, il nargue au sein de l’installation le dispositif qui cherche à le contenir.
Des ombres projettent corps et reproductions hors de leur habitacle. Elles proposent dans l’espace autant d’effets de distension. Au même titre qu’une douzième cage ouverte présentée au sein du parcours, elles mettent en échec toute tentative de capture. Il est ici quelque chose qui échappe incontestablement à l’efficacité du piège.