Installation vidéo pour vingt-deux téléphones portables.
22 montages vidéo variant de 2 mn 57 à 21 mn 36.
Constituant une variante de l’installation M-Helene dont elle reprend les images, Irruptions est conçue comme une galerie de portraits filmiques et picturaux. Rassemblant un grand nombre des images de la série Épreuves du Temps, elle regroupe trois séries de montages qui confrontent les mêmes autoportraits de la peintre Helene Schjerfbeck et les mêmes extraits de The Birds Chacune des séries est montrée sur sept téléphones portables suspendus par des fils, déployés, pour la première présentation de l’installation, dans le hall et les escaliers de l’Institut finlandais.
Dans chacune des deux premières séries, sept autoportraits offrent, dans un premier temps, une approche fragmentaire du parcours de Helene Schjerfbeck. Petit à petit, le film d’Alfred Hitchcock s’immisce au sein du dispositif de présentation. À travers des effets de substitution, entraînant l’image picturale à disparaître au profit des plans de The Birds qui les transposent, il surgit tantôt sous la forme de flashes gagnant peu à peu en longueur (première série), tantôt sous la forme d’extraits de longueurs identiques mais imposés de manière de plus en plus fréquente dans les montages (deuxième série). Là où la première série construit un système d’alternance classique, la deuxième retient le procédé du fondu enchaîné.
Dans la troisième série de montages, The Birds ne subsiste que sous la forme de quelques photogrammes. Comme figé, le film renoue avec ses origines picturales. Les portraits de Schjerfbeck interviennent à travers de très brèves incursions dans des plans les montrant accrochés à l’intérieur de cages où ils cohabitent avec des oiseaux. Pivotant sur eux-mêmes ou animés par les mouvements de caméra, ils semblent paradoxalement beaucoup plus mobiles que les plans du film d’Alfred Hitchcock auxquels ils sont associés
Grâce à sa série d’écrans et à leur répartition dans le lieu d’exposition, Irruptions travaille également à un redéploiement de The Birds qui permet au visiteur de prendre conscience de l’effet de structuration qu’y introduisent les différents autoportraits de l’artiste finlandaise. En invitant les séquences à se répondre mutuellement et plus particulièrement dans la première série de montages qui utilise des extraits de longueur plus importante, l’installation acquiert une dimension polyphonique qui permet de mesurer l’incidence de l’art de Schjerfbeck dans le film en agençant de nombreux effet de résonance.
La scénographie générale de l’installation qui déploie les appareils en hélice sur plusieurs niveaux d’un même bâtiment peut rappeler la structure d’un sablier ou un mécanisme d’horlogerie dont chacun des téléphones portables constituerait un rouage et que les mouvements des visiteurs dans les escaliers finiraient par forcer. Une logique rythmique gouverne en effet l’organisation des montages. De haut en bas, le rythme des extraits de films se ralentit tandis que, par effet de vase communicant, les portraits de Schjerfbeck s’animent de plus en plus violemment. Dans le flux de la descente, les œuvres de Schjerfbeck, détachées dans la première série s’incarnent par l’intermédiaire de fondus enchaînés (seconde série), puis vibrent par l’intermédiaire des oiseaux.