Boucle vidéo, 33 mn.
Jeune fille à la guitare fait partie d’un ensemble de quatre montages de la série Teorema fonctionnant sur le principe du diptyque. Dans deux d’entre eux – Jeune fille à la guitare et Seize him! -, un bref fragment de Théorème, monté en allers et retours, est utilisé comme une trame narrative sur laquelle défilent deux par deux, par jeux de transparence, les mêmes détails de deux variantes d’un même tableau du Caravage – en l’occurrence pour la Jeune fille à la Guitare, les versions du Joueur de Luth du Metropolitan Museum et de l’Ermitage – et celle d’un tableau apparenté – Les Musiciens du Metropolitan Museum of Art de New York.
La symétrie construite entre les deux volets des diptyques permet de mettre en évidence les variations, parfois subtiles, distinguant les trois œuvres. Elle marque surtout leur propension à résonner différemment dans les liens tissés avec les plans du film pour filer la métaphore musicale proposée dans Jeune fille à la guitare. Le dialogue proposé se trouble parfois pour construire une interprétation plus libre des images utilisées, dans une construction harmonique affranchie du processus analytique mis en place.
Jeune fille à la guitare introduit dans le dialogue proposé entre cinéma et peinture une référence indirecte à Georges Braque et à Pablo Pablo Picasso qui se sont emparés au début des années 1910 du même type de sujet. Sans en calquer pour autant l’esthétique, le montage propose un prolongement aux principes du cubisme analytique dans lesquels les deux artistes se sont à l’époque illustrés.
En insistant sur les gestes des figures, les montages exacerbent les dimensions tactiles à l’œuvre dans les tableaux sollicités et en pointent les incidences émotionnelles.