Conversion 1

2020



Montage vidéo, 30 mn 28.

Dans le corpus de Teorema, c’est sans doute les deux versions de Conversion qui incarnent le mieux le principe d’un corps à corps engagé entre les matériaux picturaux et filmiques sollicités, entre les registres caravagesques et pasoliniens à l’œuvre. Jouant d’une forme de sensualité affichée, d’un registre de sensations exacerbé affleurant à la surface des images, les montages peuvent être envisagés comme les deux pendants d’une même proposition esthétique et formelle articulant tour à tour, à un même passage du film de Pasolini, les deux versions de La Conversion de saint Paul du Caravage issues respectivement de la collection privée Odescalchi-Balbi et de la chapelle Cerasi de l’église Santa Maria del Popolo à Rome.

Au gré des mouvements et dynamiques formelles déployés, le regard adopte une malléabilité propice à toutes sortes d’échanges, de contamination et de porosités. En proie à d’incessantes métamorphoses et à des changements d’échelles réguliers, les corps mutent et se parent d’innombrables parures et incrustations. Un décloisonnement s’opère au sein des genres et des identités pour mieux brouiller tous contours ou repères, et au point d’imposer dans les montages certains passages d’abstraction figurative.

En hors champ, les références à saint Paul imposées par le titre commun des tableaux sources, et à saint Pierre, dont la représentation du Crucifiement fait pendant à la version exposée dans la chapelle de Santa Maria del Popolo, engagent les figures maritale et filiale au sein du maelstrom pour constituer un cortège protéiforme et incestueux. Au même tire que l’introduction de chevaux dans les étreintes, elles participent du trouble et des effets de débordement orchestrés.

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