Boucle vidéo, 21 minutes.
Au même titre que Tablette Tactile, L’Annonce faite à Lucia occupe une place à part dans la série Teorema, en s’écartant du registre pictural caravagesque.
Structuré autour d’un plan du film où apparaissent, assis l’un en face de l’autre, Silvana Mangano et Terence Stamp, le montage convoque différentes Annonciations de la Renaissance Italienne dans un ballet étourdissant qui, porté par les élans lyriques du Requiem de Mozart, emprunté à une séquence ultérieure du film et restructuré par des jeux de va-et-vient, insuffle le mouvement au cœur de la peinture et en anime les différentes figures.
Le mouvement effréné des évocations picturales rend compte de la nécessité du comblement d’un vide à l’image qui renvoie à celui du Mystère de l’Incarnation. L’accumulation des strates qui se succèdent dans le montage tente en effet de donner chair à l’Invisible, d’incarner le message qui est en train d’être délivré. Dans une approche sculpturale, elle œuvre à donner corps à ce qui ne saurait être montré.
Et pourtant, une forme de résistance se manifeste dans la démultiplication des propositions, comme si toute interprétation peinait à être fixée malgré la diversité des solutions figuratives exposées. Seul l’idée du caractère irrépressible du mouvement et engagé dans la direction de Lucia semble pouvoir être observé.
À sa façon, la pluralité des évocations renvoie au caractère indiscernable d’un devenir qui fait écho à celui de Lucia dans le plan pasolinien retenu ; et dont la dimension funeste transparaît à la fois dans un cri proféré et dans la partition de Mozart aux mouvements restructurés.
