Boucle vidéo, 24 minutes.
En articulant entre elles les deux versions d’un même sujet traversant la production du Caravage — en l’occurrence les deux versions de Salomé avec la tête de saint Jean-Baptiste respectivement conservées au Palazzo Reale de Madrid et à la National Gallery à Londres —, Portrait d’Emilia – Prophétie engage, au même titre que Portrait d’Odetta – Le Sacrifice, un mouvement de va-et-vient entre deux références picturales que semblent littéralement illustrer les déplacements des personnages dans l’espace de la représentation.
Portée à bout de bras par le Visiteur du coin de la cuisine où elle s’est repliée au local exigu qui lui sert de chambre, Emilia semble subir directement cet étirement entre les deux tableaux, comme si on lui imposait des modèles par la force. Doublement décapitée par le cadre au sein de plans resserrés et la référence au sort de saint Jean-Baptiste que le montage érige comme référence, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même et semble victime d’un processus d’interposition qui la dépasse.
Le mouvement d’analyse engagé au sein de la confrontation des registres d’images impose ses directives au personnages dans un mouvement d’écartèlement irrépressible qui l’emporte, à son corps défendant, dans des directions opposées.