Whirlloop

2009


Marseille, Où - Lieu d’exposition pour l’art actuel


Installation vidéo avec feuilles de papier chiffonnées et pliées.
Existe en deux versions : l’une pour téléviseur, l’autre pour téléviseur et vidéoprojecteur.
1 ou 2 boucles vidéo de 8 mn 05.

Un montage montrant Gene Tierney occupée à rédiger une lettre d’amour est présenté en boucle sur un téléviseur posé sur le sol. Au pied de celui-ci ont été accumulées des feuilles de papier blanc chiffonnées ou pliées en forme d’oiseaux.

Sur le téléviseur, la rédaction de la lettre est constamment interrompue. Remise en cause par la structure cyclique du montage, voire défaite par des retours en arrière qui, une fois les mots apparus sur le papier provoque aussitôt leur effacement, elle ne semble jamais trouver de fin dans une logique qui finit par conférer à la scène une certaine étrangeté, troubler sa quiétude apparente. A la fois condamné à sa tâche et incapable de la mener à bien, le personnage semble englué dans les spires du Temps.

Cette difficulté de rédaction pourra être envisagée comme une traduction de l’angoisse de la page blanche. Dans le montage, le processus d’écriture tend à se bloquer régulièrement, condamné par le manque d’inspiration de la rédactrice. La pensée ne trouve pas de forme d’expression satisfaisante comme tend à en témoigner l’accumulation des feuilles de papier chiffonnées sur le sol, matérialisant autant de tentatives d’écriture infructueuses, de missives brusquement interrompues. La présence des pliages en forme d’animaux relativise toutefois ce constat. Elle rend compte de quelques fulgurances et de trouvailles poétiques que le personnage semble, malgré tout, avoir visiblement écartées.

La nature du courrier invite toutefois à certains détours biographiques. Elle propose en effet une allusion à plusieurs liaisons malheureuses de Gene Tierney, incapable pendant de nombreuses années de trouver chez ses partenaires un épanouissement affectif ou de voir cautionnées par son entourage ses amours. Un collier de perles porté autour du cou introduit le souvenir de larmes versées et engage un lien discret avec les thèmes et motifs abordés au sein de la série.

Le montage rend compte d’effets d’absence du personnage qu’explique dans le récit d’Otto Preminger le phénomène d’hypnose dont il est victime. Ils entraînent la figure vers des logiques rythmiques et narratives décalées qui lui font perdre ancrage avec le réel, notamment lorsque d’un trait de plume, elle efface les mots qu’elle avait préalablement inscrits sur le papier.

Au-delà des amours tragiques de l’actrice, l’installation propose ainsi une évocation des fragilités psychiques qui affectèrent la vie de Gene Tierney. Les feuilles de papier chiffonnées commentent le caractère inaccessible des souvenirs dont elle fut privée à la suite de ses internements en clinique psychiatrique. Si elles peuvent être considérées comme autant de pages arrachées à sa vie, elles rendent également compte d’une certaine résistance de la mémoire, voire, en référence à la scène présentée sur le téléviseur, d’une certaine incapacité à s’inscrire dans le quotidien.

Pareillement basé sur un court extrait de film l’installation Xy³ – Nu à la vitrine introduit rétroactivement un commentaire sur cette situation déroutante. Revêtant le même caractère machinal et proposant des jeux comparables de dédoublement, elle apparente Dana Andrews à quelque visiteur qui procéderait à l’examen d’un corps évidé dont la nature serait dans Whirlloop explicitée.

L’installation existe également sous une forme plus complexe faisant intervenir deux montages de longueur identique mais de structures différentes. Dans cette version de Whirlloop, le second montage est projeté sur le sol, tête en bas, au pied du téléviseur.

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