In Hell

2009


Marseille, Où - Lieu d’exposition pour l’art actuel


Installation pour 46 perles de verre ou diamants.

Une quarantaine de perles de verre sont disposées sur le sol. Elles composent en braille deux bribes de textes (leave her to / can wait) se référant aux titres de deux films importants dans la carrière de Gene Tierney : Leave her to Heaven de John Stahl et Heaven can wait d’Ernst Lubitsch. De ces œuvres, qui constituent dans la série Les Larmes de Lora les seules concessions faites aux productions en couleurs de l’actrice, ne subsistent dans l’installation que des traces résiduelles et décolorées, de surcroît illisibles pour la plupart des visiteurs. Doit-on y entrevoir la matérialisation du caractère fuyant des souvenirs des œuvres ainsi confrontées ou au contraire l’indice de la persistance des émotions ressenties, continuant à marquer les mémoires spectatorielles au point de pouvoir ressurgir, de façon inopinée, à tout moment ?

Dans ces deux films, les personnages incarnés par Gene Tierney apparaissent diamétralement opposés. A la douceur de la Martha d’Ernst Lubitsch, John Stahl oppose la froideur de son Ellen, à la personnalité généreuse et conciliante de la première, l’égoïsme et la susceptibilité de la seconde. Un grand écart semble ainsi opéré dans le cadre même de l’installation pour traduire à la fois la richesse du jeu de Gene Tierney et la complexité que revêt sa personnalité.

Les propositions introduites par les deux titres apparaissent tout aussi antinomiques. Elles écartèlent le sujet entre la Terre (Heaven can wait) et le Ciel (Leave her to Heaven), entre vie et mort. Une certaine ambiguïté du statut d’actrice apparaît ainsi exprimée, saisissant, en fonction de la manière dont peuvent être interprétés les bribes de texte, Gene Tierney entre sa condition d’être mortel et la pérennité de son image, entre sa vie privée et ses obligations publiques, la tranquillité à laquelle elle aspire et les indiscrétions dont son existence fait l’objet.

Le terme Heaven qui permet l’articulation entre les deux titres a significativement disparu, manque que contribue à renforcer le titre de l’installation qui lui substitue l’évocation d’un Enfer (Hell) figuré par une mer de larmes. Il serait question ainsi d’une sorte de paradis perdu, d’un rêve jamais abouti, comme si, une fois atteint, le vertige de la célébrité n’offrait aucune issue.

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