Boucle vidéo, 30 minutes.
Le montage de Flying carpet est entièrement structuré autour d’un photogramme du long métrage d’animation Aladdin présentant la façade du Palais du Sutlan d’Agrabah où le héros du film est venu surprendre Jasmine, dont il est tombé éperdument amoureux, en lui proposant de monter près de lui sur son tapis volant. Au même titre que le véhicule fantastique, les figures du jeune orphelin et de la Princesse y ont été méthodiquement effacés au profit du décor et de la voute céleste étoilée, artificiellement animée par des effets de scintillements.
Le montage accuse l’absence des protagonistes et la féérie de la séquence associée à l’évocation. Il peut tout autant renvoyer à l’accomplissement de leur vœu d’amour en pointant la disparition des personnages du Palais qui retenait la Princesse Jasmine prisonnière des injonctions de son père à prendre un prince pour époux, qu’aux déceptions qu’aurait engendré son manque d’accomplissement, suite à une magie restée inopérante et l’impossibilité de surgissement du prétendant. Cette dualité, qui peut rappeler le tiraillement de Blanche-Neige dans Water Bucket devant le puits où elle confiera ses vœux d’amour, trouve une forme d’illustration dans le clignotement des étoiles opéré.
Au même titre que les chansons célèbres de la série On the Tip of the Tongue ou les apparitions de Madeleine dans le couloir d’Exit, le montage joue et travaille sur des contenus qui se dérobent, témoigne dune mémoire filmique empêchée (qu’elle le soit de façon volontaire ou involontaire de la part des spectateurs ou des ayant droit du film) ; tout en contenant en germe cette possibilité réjouissante de pouvoir les réactiver par la seule force de l’imaginaire et du souvenir.