Infrastructures

2003


Helsinki, Kiasma Nykytaiteen museo


Installation vidéo interactive pour trois vidéoprojecteurs.
3 boucles vidéo de 5 mn 02, 10 mn et 10 mn 10.

L’installation se compose de trois montages montrés dans un même espace (en l’occurrence, la médiathèque de Kiasma). Chacun d’entre eux consiste en une série de superpositions d’images associant un extrait de Marnie (Pas de printemps pour Marnie, 1964) à un tableau de l’école hollandaise qui l’a en partie inspiré (Le Philosophe de Rembrandt van Rijn, Intérieur de l’église Saint Jean à Utrecht de Pieter Saenredam et Nature morte précieuse de Abraham van Beyeren). Les montages jouent sur différents niveaux de transparence et d’échelle des images enchaînées.

Au sein des deux premiers montages, les thèmes introduits par Le Philosophe et Intérieur de l’église Saint Jean à Utrecht insistent sur l’idée d’une spiritualité diffuse dans l’Image que révèlent chez Hitchcock les différents effets de surimpressions. Pensée et mysticisme y sont présentés comme les éléments qui structurent la représentation comme le rappellent chez Rembrandt l’escalier dont la spire prolonge la réflexion du Philosophe ou chez Saenredam la perspective que décrit l’architecture des lieux, reflet de la profondeur des convictions religieuses de ceux qui viennent s’y recueillir. A travers la représentation d’une collection de pièces d’orfèvrerie et de mets délicats disposés sur un plateau d’argent, la nature morte d’Abraham van Beyeren joue davantage sur l’idée d’une opulence que renferment les plans hitchcockiens. Jouant sur des rapports de superposition d’images où les motifs du tableau gagent en importance à travers l’exposition de détails toujours plus pointus et montrés à des échelles toujours plus grandes, le montage suit une logique de profusion qui entraîne les trésors déployés dans la composition picturale à envahir tout le cadre.

Dans ce troisième module, le processus analytique qu’engagent les surimpressions initie un processus d’enrichissement visible qui finit par bouleverser la perception du visiteur et déborder hors de l’image. Il est présenté comme une source d’émerveillement continu que la démultiplication des propositions de rapprochement rend intarissable.

La composition de l’Image que met doublement en avant les jeux de surimpression dans les montages et les représentations de motifs architecturaux dans les tableaux confrontés aux plans hitchcockiens est présentée dans chacun des modules de l’installation comme un élément déterminant des idées qu’elle véhicule et des répercussions qu’elle peut avoir sur le regard du spectateur. Génératrice de pensée, la structuration de l’œuvre confère à celle-ci une indéniable profondeur dont est proposée ici l’exploration.

L’installation travaille à d’autres jeux de transparence et d’autres effets de superposition. Les montages sont exposés à des emplacements du musée qui ont été choisis de manière à ce que la composition des images qu’ils rassemblent s’harmonise avec l’architecture du lieu où ils sont présentés. Une série de fenêtres reprend la perspective d’une écurie où s’enfoncent les personnages de Marnie avant que ne lui soit substitué l’intérieur de l’église Saint jean à Utrecht. La structure d’un escalier en colimaçon placé au niveau de l’auditorium vient converser avec celui du Philosophe et prolonger celui de la demeure de Rutland à Wykwyn. Il est ici quelque chose qui se déploie hors de la surface de projection, quelque chose qui se cristallise hors de l’Image pour en révéler l’extrême densité.

Ainsi, les rapports instaurés entre les montages et les différents lieux d’exposition invitent l’architecture du musée à participer activement au dispositif. Tout en donnant aux plans et aux tableaux une profondeur nouvelle à travers le redéploiement spatial qu’ils supposent, ils permettent à l’édifice de phagocyter les images superposées et invitent, à travers ce processus, le visiteur à s’y perdre. En évoluant derrière les écrans où sont présentés les montages, ce dernier est susceptible de surgir à son tour en haut de l’escalier de Wykwyn ou de sillonner les galeries de l’église Saint Jean à l’époque de Pieter Saenredam. Repères temporels et spatiaux se brouillent au profit de la seule force d’une série de figures géométriques.

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