Montage vidéo de 01 mn 43.
Le montage Swing 15 s’attarde sur un court extrait d’Hibernatus d’Edouard Molinaro (1969) qui prend place autour d’une balançoire placée dans le jardin de la propriété du Vésinet des de Tartas où se déroule la plus grande partie de l’action du film. Invitant le spectateur à refluer allégrement dans la matière filmique, il suit le mouvement à rebours d’un récit qui oblige les personnages à faire retour dans le passé, au temps de la Belle époque, pour préserver la santé des leurs, ainsi que leurs propres intérêts économiques.
Si dans sa forme, le montage peut rappeler celui de Wool Stockings, il n’en suit pas exactement la même logique de construction. Contrairement à ce dernier, le son y apparaît en effet tout autant affecté que l’image dans une altération rendue moins sensible par l(accompagnement musical de la séquence, qui fait une intrusion très marquée à la fin du montage, que les parties dialoguées de l’extrait où la parole se fait essentiellement intelligible à travers ses intonations, dans un effet de borborygme que l’on retrouve également à l’œuvre dans la série, dans les montages Swing 2, Swing 9, Swing 25 et Swing 29 . Au même titre que le mouvement à rebours tend à accentuer leurs gesticulations, ce rapport décalé à la parole souligne toute la virtuosité comique des acteurs qui l’énoncent, et plus particulièrement celle de Louis de Funès et de Claude Gensac à qui le montage rend très directement hommage.
Conformément à celle du récit molinaresque où le personnage ne prend pas conscience de tout ce qui se trame autour de lui, seul Paul Fournier (Bernard Alane) – le parent disparu retrouvé 65 ans plus tard parfaitement conservé dans les glaces qui vient bouleverser, en étant remis en vie, le train de vie paisible et confortable des de Tartas – échappe à cette logique de reflux. Présenté à la fois dans une série de plans qui se déploient non seulement en sens normal mais également dans un ordre qui respecte celui du film, il s’inscrit avec le reste du montage dans un effet très discret de décalage rendu essentiellement perceptible par l’évolution de son apparence. Son habillage progressif, qui rappelle à sa manière celui de Cyd Charisse dans Wool Stockings, commente d’ailleurs à sa manière la surenchère comique que mettent en place, couche après couche, la séquence filmique retravaillée et la proposition qui en déplacent les effets.
La fin du montage tend toutefois à faire voler en éclat cette construction croisée en se laissant guidée par le mouvement joyeux de la balançoire qu’actionne Hubert Barrère de Tartas (Louis de Funès) sous les yeux rêveurs de l’intéressé.