Swing 11

2012




Montage vidéo de 01 mn 49.

Swing 11 revisite The Girl in the Red Velvet Swing de Richard Fleischer, sans doute l’un des plus grands classiques du cinéma américain où la balançoire joue un rôle emblématique.. Structuré autour de la séquence centrale du film où Stanford White (Ray Milland) invite Evelyn Nesbit Thaw (Joan Collins) à prendre place sur l’objet et à s’y balancer fortement de manière à ce que ses pieds puissent toucher une fenêtre circulaire ouverte dans le plafond de la pièce où il est accroché, le montage s’évertue, par des effets d’ellipse et de substitution de plans, à effacer figurativement la jeune femme pour ne retenir de sa présence qu’un rire cristallin.

Cette altération trouble la perception de la séquence en donnant non seulement l’illusion que la balançoire se meut par la seule volonté du personnage interprété par Ray Milland mais également que ce dernier entretient un rapport ambigu avec elle comme si elle lui rappelait un amour disparu dont l’absence l’entraînerait sur les sentiers d’une douce folie. Emphatique, la musique qui accompagne la scène contribue à renforcer ces approches, témoignant des fortes émotions ressenties par le personnage au moment où il assiste à ce prodige.

Si cette proposition participe du cycle du désir que structurent plusieurs montages de la série Swing High, Swing Low en interrogeant la persistance du sentiment amoureux dans les objets qui survivent à la disparition de l’être aimé, elle témoigne aussi des défaillances de notre mémoire spectatorielle et du rapport que nous entretenons avec les films qui nous ont fortement touchés. Les béances qu’ouvrent dans le montage les ellipses qui y sont agencées au point d’y engouffrer des pans entiers de narration et faire perdre à certains personnages toute possibilité d’identification témoignent de notre incapacité à restituer un film dans toutes ses dimensions (combien de fois avons nous tenté sans succès de convoquer la distribution d’un film vu quelques années plus tôt), pour privilégier le souvenir des émotions et des sensations qu’il a suscité. Elles rendent également compte de la manière dont il continue à vibrer et à irradier en nous au-delà du moment de la projection malgré la restitution lacunaire que nous sommes capables d’en apporter.

Plus d'images




Lieux de présentation



Dans la même série


Copyright © 2016 Laurent Fiévet