Teorema

2019-2020

Les montages vidéo de la série Teorema œuvrent à tisser un réseau de correspondances entre de courts fragments du film homonyme de Pier Paolo Pasolini (Théorème, 1968) et différentes compositions, en grande partie religieuses, de l’histoire de la peinture occidentale. Ils s’inscrivent à ce titre dans le prolongement direct d’œuvres et de séries antérieures (Suites hitchcockiennes, Nouvelles suites, States of Grace, Drowning Figures) qui élaborent le même genre d’articulation entre peinture et cinéma.

En marge de Tablette tactile, le principal montage de 90 minutes qui revisite les images d’un album photographiques par le prisme de compositions de Descente de Croix, de Pietà et de Mise au Tombeau exécutées en Europe entre le 15ème et le 19ème siècle et d’un deuxième montage, plus court, consacré à différentes évocations de l’Annonciation de la Renaissance italienne, la série rassemble seize boucles vidéo. Cinq d’entre eux constituent les portraits des personnages principaux du film – Lucia (Silvana Mangano), Paolo (Massimo Girotti), Odetta (Anne Wiazemsky), Pietro (Andrés José Cruz) et Emilia (Laura Betti) confrontés à la présence du visiteur incarné dans Théorème par Terence Stamp. Deux autres de personnages plus secondaires – le chien et Angelino (le Messager interprété par Ninetto Davoli). Chacun d’entre eux est présenté dans un court extrait du film, restructuré par des effets répétés de va-et-vient, auquel vient s’associer, par jeux de surimpression, une ou plusieurs compositions du Caravage, abordées sous la forme de fragments choisis ou dans leur intégralité. 

À cette série de portraits intimes, en présence ou en absence de Terence Stamp, la série associe d’autres boucles vidéo qui constituent, par opposition aux premières, des scènes rassemblant l’ensemble des protagonistes (L’Arrestation, Le Charme de la Bourgeoisie) ou scellant de le destin des figures féminines. Elles se déploient pareillement en transparence sur d’autres compositions et détails de tableaux du Maître de la Renaissance italienne. D’autres enfin constituent des diptyques jouant sur des variantes d un même sujet.

L’ensemble met en relief, par le biais de son processus de confrontation entre cinéma et peinture, la nature radicale des approches naturalistes observées par le cinéaste et le peintre. Il impose, par la structuration même de la série, une relecture attentive de Théorème par le filtre de l’ensemble des références convoquées. Mais au-delà de ce processus de redéploiement, il guide plus simplement l’analyse des images utilisées dans une approche scientifique, parfois presque clinique, voire didactique (lorsqu’il s’agit d’aborder des questions de composition ou de codes de représentation) qui, tout en laissant pareillement place à des effets possibles d’émerveillement, d’éblouissement ou de sidération, fait écho à l’esprit des différents modèles sur lesquels elle repose et contribue à mettre notre capacité d’observation en éveil. Tout autant que la construction des images, c’est en effet de notre propre regard face à l’œuvre d’art et de son possible cheminement dont il est question dans la série.

Seize him!
(2020)

Jeune fille à la guitare
(2020)

Conversion 2
(2020)

Conversion 1
(2020)

Inferno
(2020)

L'Amour enfoui
(2020)

Portrait d'Angelino - Et nos cedamus amori
(2020)

Méduse
(2020)

Narcisse
(2019)

Tablette tactile
(2019)

L'Annonce faite à Lucia
(2019)

L'Arrestation
(2019)

Le Charme de la Bourgeoisie
(2019)

Portrait d'Emilia - Prophétie

Portrait de Pietro - Beau Snoopy
(2019)

Portrait d'Odetta - Le Sacrifice
(2019)

Portrait de Paolo - Crucifixion
(2019)

Portrait de Lucia - Illuminations
(2019)

Copyright © 2016 Laurent Fiévet