Socializing with Neighbors

2014



Installation vidéo pour 4 projections. Cycle de 30 minutes.
Socializing with neighbors confronte trois montages de la série Swing High, Swing Low Swing 1, Swing 2, Swing 38- distribués sur quatre surfaces de projection. Divisée en six chapitres où ils apparaissent à chaque fois calés de manière différente les uns par rapport aux autres, l’installation explore de manière systématique l’ensemble des combinaisons possibles qui existent entre ces trois éléments.

Chacun des montages rassemblés aborde à sa façon des questions de voisinage et de communauté où conformément à la logique thématique de la série à laquelle ils appartiennent, le motif commun d’une balançoire est amené à jouer un rôle symbolique. Migrant dans l’espace d’un point à un autre, celle-ci contribue tout autant à marquer des liens entre les personnages qu’à signifier des formes de séparation et de cloisonnement. Elle constitue en conséquence à la fois l’indice de délimitations spatiales (dont celles de la propriété privée), voire dans certains cas sociales ou générationnelles, et l’expression de la faculté qu’ont les figures à les déplacer, voire à les nier par leurs comportements et leurs agissements.

Dans le déroulement des trente minutes que propose la boucle de l’installation, des fragments de chacun des trois montages sont invités à basculer d’une surface de projection à l’autre en suivant la logique de déplacement des personnages et des balançoires. Mais à la différence, de Dislocated, qui travaillait pareillement à une redistribution incessante des images de plusieurs montages sur trois surfaces placées côte à côte, l’installation ne se contente pas d’articuler ces différents mouvements sur un même pan. Elle travaille également sur des jeux de profondeur qui invitent les images à migrer d’un mur de projection à celui qui lui fait face et traverser ainsi régulièrement l’espace d’exposition.

La disposition des surfaces de projection implique ainsi une forme de spatialisation entre les différentes scènes toujours réinventée où le basculement des montages, dans un effet comparable à celui que propose les balançoires au sein des différents montages rassemblés, souligne la porosité des frontières qui semblent dans un premier temps posées par l’hétérogénéité des sources filmiques et une forme d’interpénétration possible entre les situations que l’installation rassemble et répète inlassablement.

C’est en ce sens qu’au même titre que pouvaient le faire à leur manière les installations Flying Stallions Circus et Dislocated en éprouvant des structures chorégraphiques fixes à des registres musicaux très contrastés, Socializing with neighbors interroge et expérimente de façon toujours ludique les effets de contextualisation des images. Au gré des confrontations proposées avec l’un ou deux autres des montages au sein d’un des chapitres, un même structure imagée est en effet invitée à adopter des colorations très différentes, s’enrichir de dimensions narratives inédites, voire engager directement des jeux d’interaction avec les deux autres. Dans une logique d’épuisement mathématique qui prolonge à sa manière certaines expérimentations de montage de Lev Koulechov, le voisinage revisite ainsi les ébauches de récit préalablement posées, apporte après coup certaines explications aux attitudes et réactions des personnages présentés, voire redéploie une réalité dans le temps en imaginant ce qui aurait pu la provoquer dans le passé ou ce qu’elle impliquera dans un avenir proche.

A la tête de chacun des six chapitres, des cartons relativement neutres contribuent à renforcer la dimension narrative que peut revêtir l’ensemble des récits entrecroisés. Ils induisent une distribution possible des différentes séquences dans le temps qui laisse entendre qu’il n’est pas seulement envisageable de les aborder dans une temporalité fixe qui serait celle des moments relatés dans chacun des films réinventés mais également possible de les concevoir dans un rapport de temps plus lâche où des mêmes personnages seraient présentés à différents moments de leur existence. Malgré les ouvertures que proposent les jeux de confrontation, l’installation induit malgré tout une sorte de construction refermée sur elle-même qui dénonce à la fois les difficultés à communiquer au sein d’une même communauté et les carcans qu’un conditionnement social est susceptible de poser.


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