Swing 20

2012




Boucle vidéo de 05 mn 26.

Swing 20 procède à une relecture de la célèbre séquence d’Ikiru (Vivre) d’Akira Kurosawa montrant le personnage de Kanji Watanabe (interprété par Takashi Shimura) chanter sous la neige assis sur une balançoire. Le montage ne reprend que le premier plan de la scène où le corps de Watanabe est filmé de profil en train de se mouvoir derrière la structure d’une cage à singe devant laquelle se déplace latéralement la caméra. Le fil du travelling imaginé par Kurosawa a été brisé pour désarticuler le plan en une série de micro-fragments dont l’ordre de succession a été modifié avant que ces derniers soient reliés les uns aux autres au sein d’une nouvelle configuration où apparaît toutefois préservée le mouvement de battement du corps dans l’espace, d’une manière qui peut rappeler la réorganisation des paroles de la chanson de Michel Legrand dans Swing 7 ou la redistribution des images dans les deux montages de Swing 16.

Ces ruptures dans la continuité visuelle de la séquence donne la sensation d’un réajustement permanent de la caméra au moment où elle filme le vieillard qui met particulièrement en relief la variété des effets de surcadrage que le plan met en œuvre grâce à la structure métallique placée devant le personnage.

Pris dans son mouvement de balancier, le corps semble échapper en permanence aux tentatives d’enfermement dont il fait l’objet, glisser hors des limites qui pourraient le retenir. Ce principe d’échappée semble traduire à la fois l’accès à un hors champ pouvant correspondre à la quête d’absolu du personnage (se débattant tout le long du film pour transformer un terrain vague en aire de jeu), celui du terme de son existence mais également l’impossibilité pour le spectateur de saisir la complexité de la scène qui se déploie sous ses yeux et des sensations éprouvées par le personnage.

À moins que l’on considère, que cette dynamisation du cadre qui résulte du bouleversement de l’ordre de images rende compte d’une série de tentatives d’ouvrir au contraire la scène, de la creuser ou d’en accentuer la perspective pour désenclaver le corps du personnage de la portion d’espace dans laquelle le limite le mouvement de va-et-vient de la balançoire, comme si le montage cherchait par ce procédé à rompre la monotonie de sa solitude, le libérer d’une forme d’isolement.

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