Scream

2003


Hyvinkää, Hyvinkään taidemuseo


Installation vidéo interactive pour quatre vidéoprojecteurs avec deux cabines téléphoniques et différents supports visuels.
4 montages vidéo d’une durée variant de 2 mn 33 à 4 mn 19.

Deux cabines téléphoniques sont installées au centre d’une pièce sombre. Un néon les illumine légèrement dans l’obscurité. Par moments, une sonnerie retentit dans l’une d’entre elles. En pénétrant à l’intérieur et en décrochant le combiné, le visiteur déclenche les projections de quatre montages sur les murs de la salle, montages qui présentent une série d’extraits d’une séquence de The Birds d’Alfred Hitchcock.

Scream cherche à enfermer le visiteur dans l’Image : images de l’œuvre d’Alfred Hitchcock invitées à surgir autour de lui alors qu’il se tient debout dans la cabine téléphonique ou plus simplement dans la salle d’exposition, mais aussi image du Cri de Edvard Munch, source d’inspiration majeure du film, dont l’ambiance apparaît transposée dans les différents plans projetés. Cerné par des écrans, le visiteur est immergé à l’intérieur du film et dans la composition du peintre norvégien. Projeté au cœur des œuvres, il est invité à partager les affects des personnages et des figures qui y sont représentées.

L’enfermement du visiteur dans la cabine fait d’ailleurs directement référence à une situation exposée dans The Birds. Dans les extraits que l’installation déploie, Melanie se retrouve en effet prisonnière du même type de structure d’où elle assiste, impuissante, aux ravages que provoquent les oiseaux dans le port de Bodega Bay. La répartition des plans sur les quatre écrans de la salle restitue globalement la variété de ses points de vue, permettant au visiteur d’être placé à son tour au centre de la scène.

A travers son titre, l’installation fait également référence au film homonyme de Wes Craven. Elle transpose l’expérience de ses personnages qui, en répondant au téléphone, font surgir la présence monstrueuse d’un assassin dont le masque rappelle le visage de la figure centrale de la composition de Munch. L’expérience d’identification spectatorielle se dédouble ici pour induire une dimension horrifique. Dans un effet de déjà vu, la sonnerie qui retentit au cœur de l’obscurité crée une certaine appréhension chez le visiteur. En déclenchant l’apparition des images de The Birds, celui-ci est invité à projeter cette émotion autour de lui, prenant forme dans les visions apocalyptiques exposées sur les écrans de la salle. Ce rapport que Scream crée entre intimité et environnement extérieur tend à transformer l’installation en expérience expressionniste.

Dans l’espace consacré à l’installation, les deux cabines téléphoniques offrent un cadre privilégié de perception. Moins parce qu’elles isolent le visiteur à l’image de Melanie dans The Birds ou de la figure centrale du Cri de Munch et lui permettent en conséquence de partager les angoisses que suppose leur isolement dans la tempête que parce que les structures proposent une série de repères visuels qui permettent d’orienter l’approche des images projetées. À l’intérieur de la cage de verre où il est retenu prisonnier, des catalogues d’images invitent en effet à opérer des confrontations entre des tableaux de Munch et les plans montrés dans l’installation. En exposant plusieurs références picturales du film d’Alfred Hitchcock, ils permettent d’en saisir les subtilités.

Les références n’induisent plus seulement ici un enfermement à l’intérieur de l’Image mais une plongée dans les soubassements de l’œuvre. Elles ne privilégient plus une vision de surface mais une exploration des strates qui en composent l’épaisseur. La connaissance pose un cadre particulier de vision que rappellent les parois des cabines proposant autant de filtres au regard. Elles offrent un point de vue unique qui permet au film de se redéployer comme le soulignent le système individuel d’enclenchement des projections et la répartition des images sur les quatre écrans de la salle.

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